Marino di Teana : Histoire & biographie

Francesco Marino di Teana né le 8 août 1920 à Teana, dans la province de Potenza, en Basilicate, dans le sud de l’Italie, et mort le 1er janvier 20121 à Périgny-sur-Yerres, est un sculpteur argentin.

Biographie Francesco Marino Di Teana est un artiste à la fois peintre, sculpteur, architecte, poète et philosophe, qui a marqué la sculpture des années 1950-60 de ses théories sur la logique tri-unitaire qui intègrent le « vide » comme un élément actif de la composition picturale et architecturale.

Né en 1920 dans une famille de paysans pauvre du petit village de Teana, perché dans les montagnes de la province de Basilicata en Italie il a à peine 5 ans quand il commence à travailler dans les champs et à garder des moutons. A cette époque déjà il aime créer de petites figures en terre glaise et crayonner sur les murs, mais alors qu'il rêve d'aller à l'école, ses parents préfèrent qu'il se concentre à l'apprentissage d'un métier tel qu'ébéniste, forgeron, maçon ou peintre en bâtiment. Il se montre particulièrement habile pour le travail manuel et son maître d’école le choisit pour aller avec un décorateur de Naples, qui lui apprend à dessiner des trompe-l’œil pour les plafonds d’église.

À 16 ans, la guerre éclate et l’Italie s’allie avec l’Allemagne. Pour éviter le sort de son frère mort dans la bataille de Stalingrad, le grand-père de Francesco l'envoie en Argentine pour retrouver son père qui a abandonné sa famille quelques années plus tôt pour faire fortune.
À Buenos Aires, son père le reçoit froidement et ne l'accepte qu'à condition qu’il travaille pour rapporter un salaire. Il y pratique le métier de maçon, devient chef de chantier et suit en parallèle des cours du soir en mécanique et polytechnique de l’école nationale Salguero où il obtient un diplôme en architecture. Puis il passe le difficile concours d’entrée de l’école des Beaux-Arts Ernesto de la Carcova où il est reçu mais son père ne supportant pas l'idée qu'il va arrêter de se travailler le met à la porte. Il est à la rue mais suit tous les cours et travaille le soir pour vivre.
Il sort de l’école avec les meilleures notes du diplôme “Premio Mittre”, équivalent au Prix de Rome. Il reçoit également le titre de professeur Supérieur et une chaire à l’université mais ne voulant pas d’une carrière tracée il décide de retourner en Europe en 1952 pour suivre sa propre voie grâce à une bourse honorifique donnée par l’ambassade de France en Argentine.

Il passe d’abord par Saint Jacques de Compostelle et décide de visiter l’Espagne, où il retrouve son ami Jorge Oteiza, qu’il faisait travailler à Buenos Aires. Puis il s’installe à Paris en 1953. Sans un sou, il dort dans les jardins publics, notam­ment celui des invalides à côté du musée Rodin, et va se réchauffer rue Bonaparte à l’École des Beaux-Arts. Il vit alors de « petits boulots », rénove des appartements, peint des plafonds et réalise des meubles mais sans permis de travail, il est souvent mal payé. C'est grâce au décorateur, Georges Guillot, pour lequel il fabrique des mannequins de vitrine, qu'il dégotte, rue de Passy, un petit atelier sous les toits C'est l'époque où il suit les cours de Le Corbusier à Sèvres-Babylone et rencontre les artistes et les intellectuels du quartier St Germain-des-Près.
Mais les sculptures abstraites qu'il commence à produire n'intéressent personne aux beaux-Arts. Ce n'est que face à l'insistance de Huguette Séjournet, jeune peintre chez qui il a été engagé comme décorateur et qui deviendra son épouse qu'il se rendra à la prestigieuse Galerie de Denise René pour lui montrer ses premières sculptures. Il lui présente alors d'étranges petites maquettes regroupées dans une boîte à chaussure qui attirent instantanément l'œil de la Galeriste qui lui organisera plusieurs expositions personnelles et l'expose aux côtés de prestigieux artistes tels que Vasarely, Jesús-Rafael Soto, Julio Le Parc, Sonia Delaunay, François Morellet, Carlos Cruz-Díez et Richard Mortensen.
Marino di Teana fréquente alors de nombreux artistes tels que Yaacov Agam, Jean Arp, Jean Tinguely, Jean Dubuffet, César ou Luis Tomasello mais plus que le monde de l'art, il est fasciné par celui de l'architecture.

En concevant sa théorie « tri-unitaire » du « vide actif », que le journaliste Harry Belley considère comme une des plus importantes découvertes de la sculpture du XXe siècle, il accorde désormais autant d'importance à l’espace et au vide, qu'à la masse et la forme elles-mêmes. C'est ainsi qu'il développe des sculptures conçues comme des structures esthétiques qui peuvent être transformées en bâtiments architecturaux, des « sculptures architecturales ». Son grand intérêt pour l'architecture dans sa relation à la sculpture l'amène à se présenter à un grand concours international lancé en 1961 par l'entreprise de Saint Gobain intitulé « Sculpture pour une usine ». Il remporte alors en février 1962, face à une centaine de concurrent, le premier prix décerné par un jury composé de l’écrivain Michel Butor, l’architecte Robert Camelot, le critique d’art André Chastel, le sculpteur Alberto Giacometti , l’architecte Grégoire, le peintre Poliakoff, le professeur d’esthétique Étienne Souriau, le peintre et critique d’art Michel Seuphor, et le sculpteur Zadkine. Sa sculpture « Conquête de l'espace », longue de près de 3m est en réalité la « maquette » d'une sculpture prévue en 13m de longueur pour 6m de hauteur. A la suite de ce grand événement sa notoriété explose.
Son travail est loué dans la presse et il est soutenu par d'importants artistes et critiques de l'époque. Il se voit également ouvrir les portes du mécénat d'entreprise dès l'année suivante en réalisant au Grand Palais de Paris un ensemble de 8 fontaines monumentales en verre Clarit Saint Gobain (7m de haut et plus de 16m de long) pour l'exposition « Art Contemporain » et une frise murale de 2m de haut par 8m de long pour l'usine Saint Gobain de Chantereine.

1963 est aussi l'année où il quitte le centre de Paris pour s'installer en banlieue, à Périgny-sur -Yerres, pour installer un grand atelier avec une forge où il vivra et travaillera jusqu'à la fin de sa vie. Il y réalise ses sculptures architecturales, régulièrement nommée en hommage à de grands architectes (imhotep, Le corbusier, Pier Luigi Nervi...) et de nombreuses maquettes dont il se servira par la suite pour réaliser une cinquantaine de sculptures monumentales publiques (et plus particulièrement dans le cadre du 1% artistique) en France et en Europe (Allemagne, Italie...).
Plus de 40 de ces sculptures sont installées entre les années 1960 et 1970, mais la plus impressionnante à ce jour reste la “Liberté” de Fontenay-sous-Bois (Val de Marne) qui reste à ce jour la plus grande sculpture en acier d’Europe avec ses 21 mètres de hauteur pour 100 tonnes d’acier Corten. Autoporteuse, elle est construite de manière à pouvoir résister à des vents de 250 km/h. Dans les années 1960 il fait également la connaissance de André Ramel, un industriel reconnu pour son savoir-faire dans les pièces uniques (automobiles de luxe, concorde, œuvres d'art) qui lui ouvre les portes de son usine. Marino Di Teana y découvre la pratique de l'inox et réalise plusieurs pièces de mobilier à partir de ses maquettes en plomb et en zinc : des bureaux pour l'entrée de BFCE, des tables pour des collectionneurs privés ou des pièces d'un ensemble de mobilier conçu dans les années 1950. Ces œuvres, peu connues du grand public, sont toujours marquées par ses compositions architecturales qui soulignent les recherches constantes de l'artiste pour établir de nouvelles conceptions visuelles et formelles, dans tous les domaines de la création, en sculpture, peinture, mais aussi design. Le milieu des années 1970 est également placé sous le signe des grandes expositions.
En 1974 une première exposition à lieu à la Commanderie de Braux Sainte-Cohière dans la Marne, puis l'artiste est mis à l'honneur entre 1975 et 1976 pour une exposition itinérante présentée à Saint Etienne, Reims, Montbéliard et à Paris au Musée d'Art Moderne pour une grande rétrospective. Marino di teana voit progressivement sa renommée prendre une dimension internationale. Ses origines italiennes sont revendiquées lors du jumelage des communes de Périgny et Teana et l'installation de plusieurs sculptures monumentales dans sa ville d'origine. L'argentine, son pays d'adoption où il a effectué sa formation artistique, le sollicite également en 1982 pour représenter le pays à la 40e biennale de Venise et il se voit remettre un diplôme d'honneur des Artistes Plasticiens. En 1987 L'auteur Tomas Alva Negri lui consacre aussi une importante monographie et la même année, le sculpteur de se rend au Musée de la Sarre à Sarrebruck en Allemagne en 1987 pour une nouvelle grande rétrospective de ses œuvres. En France il présente ses œuvres à la Galerie Patrice Carlhian et organise plusieurs expositions avec la maison « Artcurial », qui est devenue un important lieu dédié à l'art contemporain.

Il participe aussi à plusieurs projets télévisuels pour Air France ou Antenne 2 avant que Patrice Carlhian fasse réaliser un court métrage documentaire consacré à son œuvre de Fontenay-sous-bois : « le Chant du Corten », En 1997 il est invité à représenter la France au Symposium International des Arts et des Sciences de Séoul (Corée). Puis il expose à Prague en 1999, de nouvelles sculptures monumentales sont installées à Teana en 2008 et il est invité d’honneur de la triennale internationale de sculpture de Posnan (Pologne) en 2009.

Décédé le 1er janvier 2012, Francesco Marino Di Teana laisse derrière lui un patrimoine artistique important constitué de nombreuses sculptures, conservées à l'atelier ou dispersées chez des collectionneurs, mais aussi de maquettes, plans, documents écrits, reliefs, bronzes, bijoux, médailles, dessins, tableaux, mobiliers, projets architecturaux.

Le comité Marino Di Teana, représenté par le fils de l'artiste, Nicolas Marino Di Teana qui a travaillé plus de douze ans aux côtés de son père, défend la promotion et la sauvegarde de l’œuvre de Marino di Teana. Elle poursuit le travail de diffusion de cette œuvre riche et encore peu connue du grand public et archive actuellement l'ensemble des plus petites maquettes aux pièces monumentales en vue de la prochaine publication du catalogue Raisonné de l'artiste aux Éditions LOFT.

Principales récompenses :

- le premier prix du concours de Saint gobain en 1962 décerné par un jury composé de Zadkine, Giacometti et Poliakoff pour la partie artistique.
- le diplôme d' honneur de la XIV triennale de Milan Italie
- la Médaille d’argent du congrés international d’Architecture, décernée par Willy Brant, à Bochum, Allemagne.
- Deux Médailles d’or, décernée par la Province de la Basilicata, Italie.
- Nommé Membre de l’Académie Nationale des Beaux-Arts et Architecture d’Argentine à Buenos-Aires.
- La Médaille d'honneur de l'université de séoul en Corée.
- La médaille d'argent du conseil général du Val de Marne décerné par Michel Germa.
- la Grande Médaille d’Argent, décernée par l’Académie Française d’ Architecture, pour l’ensemble de son oeuvre.
- Nommé au grade de Chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres par le Ministre Alain Peyrefitte en 1974
- Grande distinction d'Honneur de la Triennale de Posnan en Pologne.
- Professeur à l'Université internationale d'Art et d'Architecture de Fontainebleau pendant 18 ans.

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